Tijl FIASSE : Dialogues kalten-haguois. Un commentaire-bouffe de "Soir bordé d'or".
Tableau 4
TOBY (" Quelle plaie votre barde ! " ) : " À mon très humble & pourtant méritoire avis, ton lutin aurait tout aussi bien pu ne pas signer... On aurait reconnu, tu sais. " Elles se mettent machinalement en marche, l’une jetant un regard mélancolique sur le moulin ‘terrassé’. Remontent un chemin de terre. Et tout en gambadant : MIEL (" Such is life ! ") : " On ne les choisit pas toujours, nos compaings, tu sais ; dans la troupe, il y en a des fois quelques dont je me passerais bien ; comme les parents, hein ? " TOBY (" Tss ! ") : " Ce EGG, vous l’avez gagné à la foire ? Un bouffon Marcoul acheté dans un magasin de farces et... ? ------- En tout cas, ça me plairait assez de voir le gros BASTAWARD enfoncer Miklos et sa grande gueule dans le sol... Paf ! Paf ! Paf ! Comme un pieu ! A grands coups de maTRIQUE ! " MIEL (" Que je t’explique ") : " À sa naissance, les dieux se sont penchés sur son berceau & lui ------- Ah ! C’ est des qualités peu communes, tu sais... ------------- ? Oh, voyons, il y avait dans le lot : transmutation des métaux, télékinésie des objets & prolongation de la vie. " TOBY : " C’est ça ! Et toi, tu as reçu les dons de voyance et prophétie,,, ? ---------- C’est marqué sur ta figure, tiens ! Ch’suis pas sotte... ------- Enfin, sûr que l’âme de ce EGG, cet auteur palimpcestueux, s’échappera un jour par son anus ! " MIEL (" Tu m’as l’air bien instruite pour ton âge ! ") : " ? ? ? " TOBY (" Que veux-tu ! " Proverbe de Toby n° 9 :) : " SI dans de MAUVAIS livres comme <<L’élève Toerless>> des enfants ont des passions & conversations qui ne sont pas de leur âge, il nous semble légitime que dans de BONNES réalités la nature se rattrape et invente des Toby ! Et je t’assure quand pour les livres, je suis fort difficile. ----- ? Ben la réalité est caricaturale mais amusante. ---- ? Ben, des répliques comme l’autre jour, où t’avais dans un café un homossensuel qui a mis sa patte sur la bougie d’amour ( ? ? ?) d’un autre en demandant : " Alors, mon grand, c’est à toi tout ça, m-m ? " (Long silence)… Pff ! Avec des trucs pareils, moi je t’annonce que des envies d’idéal avec des dialogues aussi mauvais dans les cafés… Salut-bonsoir ! " MIEL : " ? ? ? : tu n’as pas des envies de fille de 14 ans... ? ---- ? Ben : des ‘élans vers l’infini’ ? " TOBY : " Conneries ! Dis-toi bien que j’avais pas encore 10 ans que j’avais déjà relégué Paul Léautaud en dernière position des apprentis misanthropes ! ------- Je vais te raconter le début de la ‘vie spirituelle’ de Toby... Quand j’avais 2-3 ans, ma mère a cru me faire plaisir en justifiant le don d’un nounours par un retentissant " Regarde ce que le père Noël t’a apporté, ma chérie ! ".... ------ Ce que j’ai répondu ? Que ça m’étonnerait très fort que le père Noël prenne la peine de l’ACCOMPAGNER AU MAGASIN ! ------- Un peu plus tard, vers 5 ans, je demandais un jour à ma grand-mère si, par le plus grand des hasards, les cloches de Pâques étaient munies d’un petit cerveau miniature pour si bien savoir se diriger dans l’espace & rentrer par les fenêtres & cheminées... Ecoute, seulement : " - Donc, grand-mère, ces cloches sont savantes et bien intentionnées & viennent de Rome, n’est-ce pas ? – Mais oui, mon ange, tu as bien compris ! – ET TOI TU CROIS CA ! ? ! ? " MIEL : " L’ironie à 5 ans ! ! ! Sais-tu bien que dans certaines peuplades... ? " TOBY : " Comme je te le dis, ma douce ! Alors moi, tu sais, les EGG, Andreae, crucifiés et Crève-la-faim volontaires... Vraiment : c’est peu de dire que je suis ‘athée de naissance’---------- ? Bien sûr ! Suis pas inhumaine non plus ! Ce qui me plaît par-dessus tout, ce sont les rêves d’identification zoologique ! ! ----------- ? " (" Ben, par exemple : ") " Imagine ! Tu es un bébé narval... C’est le moment de quitter tes parents ! Nager comme ça tout seul sous la calotte glacière dans une vilaine eau turquoise glacée... Sans sons, sans amis, brrr ! -------- ! ! Mais oui : c’est vraiment le mieux que je puisse trouver pour me faire ‘peur’... " MIEL (" Tiens, tiens ") : " Un narval ? " TOBY : " Tu ne vas pas TOI AUSSI te mettre à la psychanalyse sauvage ! ! ! " MIEL (" Bon, bon... ") : " Et les trois qui viennent chaque année ? Tu ne te poses pas de questions ? D’où viennent-ils, etc. ? " TOBY (Pontifante) : " Toby ne leur accorde pas plus d’importance qu’aux rois mages qui, eux aussi, n’apparaissent qu’à certaines périodes de l’année ! Si l’on en juge par la fréquence de leurs apparitions, ils sont moins dignes d’intérêt que la comète de Halley ! ---------- Oh oh ( " merde ! ") : que vont dire les gens pour le moulin ? ----------- Sûre ? " MIEL : " Maizoui maizoui : la dernière fois que la police s’est mise en tête de chercher noise à EGG, on n’a pas retrouvé le commissariat ! ! -------- ? Le BASTAWARD, tiens... -----------------Oui, mais... & les Amours ? Tu n’as pas un ‘bon ami’ ? " TOBY : " Silence ! C’est le drame de ma vie, ce Tobi ! -------- ? Oui, il a le culot de porter mon nom – sauf qu’il a pas le i grec, lui ! ------ Nous sommes faits pour vivre ensemble !.... Enfin... " MIEL : " TOBY & TOBI font les mêmes rêves ? " TOBY : " Comment ? ----- Comment que c’est vrai, dis, tss, j’avais oublié tes dons ! --------- Un rêve récurrent chez moi, tu sais : prisonnière d’un phare gardé par un Proteus/Powys ( Schmidt père ! Schmidt père !, dixit Henri Bonbon, le désormais bien connu des lecteurs critique chic de choc... Situons le mieux : il est disciple du perspicace Michael Prettyplace...), je m’échappe à dos de narval... ----- Etrange, j’ai vu sur une de ses rédactions en classe de français qu’il parlait d’un Proteus/Powys qui l’invitait à se rouler dans la fange de marais préhistoriques ; puis, à laisser ses écailles d’ichtyosaure sécher sous l’action conjuguée de trois soleils... -------- ? Oui oui : il fait des rédactions bizarres... ---------- Ooooh non ! Tu plaisantes ! Il est beaucoup trop timide ! Tout ce qu’il fait : me regarder avec des yeux de cabillaud & semer des livres dans les champs autour de chez nous ! " MIEL : " Pour prouver son amour ? Quelle pitié ! Encore un qui comme ce Forgeron de la lande croit qu’on courtise les dames avec des livres ! " TOBY (" Ca doit être ça ") : " Alors que des embrassades folles dans le gazon du parc de l’école... ! Rien que d’y penser ma petite culotte s’humidiFILLE ! ------ C’est du propre, ch’te jure ! Pour quelqu’un qui lit d’Holbach du matin au soir, ne pas savoir que les filles ont des besoins physiologiques ! -------- C’est un genre d’attardé, tu sais... ? Il connaît <<L’Esprit des Lois>> par coeur ! ! ! -------- Oh, non : d’Holbach, Montesquieu, La Mettrie, Hume & un peu de science-FRICTION -------- ? Hier, j’ai ramassé un oeuf de Pâques pas triste : <<Les Soldats de la mer>> d’une certaine famille Rémy !" MIEL : " Z’avez un parc à l’école ? " TOBY : " Oui : sommes dans une de ces ‘écoles à uniformes’ où il est interdit de sortir à midi ! Nous avons un parc gigantesque. Et derrière : la forêt à Jan van Ruisbroek – où il est bien entendu interdit AUSSI de se rendre. Avec les copines, on s’échappe souvent dans les bois ! ---------- Non ! Faut juste faire gaffe aux ‘monitrices’ qui font le guet avec leurs jumelles sur le toit de la cantine ! ------- ? Ben pour voir si des fois certaines ne s’adonneraient pas à des ‘Noces charnelles’ dans les fourrés... Parce que j’te chure : les garçons, c’est vraiment des animaux ! En septembre/octobre & mai/juin – j’te dis les mois à l’envers because of l’année scolair’ -, ils ne savent plus quoi faire de leur sève ! ------------ À part ça, c’est un intelligent mon Tobi ! Il a dit au prof d’histoire, un jour qu’il n’écoutait pas & qu’il s’était fait sermonner, que ‘je commencerai d’écouter lorsque cela deviendra intéressant !’ Que veux-tu qu’un prof réponde à ça ? -------- Bien sûr, elle a essayé ! Le coup du ‘faire partager votre savoir à vos petits camarades’ ! " MIEL : " Il a justement répondu qu’il n’était pas là de son plein gré & que jusqu’à preuve du contraire il n’était pas payé ? " TOBY : " Comment tu ? Paf ! " (Un coup sur le front) " J’oublie toujours tes dons !... " MIEL : " ...Simple déduction... " TOBY (Poursuit sur sa lancée) : " Ah bon ! ‘Reusement qu’il n’était pas en classe (---------- ? Oh, la grippe ou un autre truc bénin) le jour où Miklos est venu faire ‘partager son savoir’... 2 mètres de vices & sarcasmes tachycardiques ! Des : " Je ne m’étonne (de) ni ne blâme votre ignorance : l’explication se trouve indubitablement sur les faces porcines de vos parents... ! " et des " Il est d’usage de considérer que les adolescents sont ‘difficiles à comprendre’ et qu’ils vivent sur une autre planète... Miklos rajoute : qu’on vous laisse sur orbite ! Blague à part, si vous comptez assouvir votre soif mongoloïde d’originalité, commencez par vous cultiver : ça fera au moins déjà une chose qui vous distinguera de vos parents ! ", comme ça pendant tout le cours. Forcément, ça a mal fini... ----------- Ma voisine, la MEERVENNE, elle ne le supporte pas... ------- ? Oh, la plus grande salope de la Chréchienneté, une vraie matrone des Fesses ! " (Secoue sa petite tête) : " Elle a deux ‘(t)hobbies’ dans l’existence : la cuisine et se reproduire ! Pour te dire : quand elle était enceinte, elle galopait chez le voisin (mon père) en pleine nuit pour se payer un peu de bon temps avant l’aube... " (Malicieuse) : " Evidemment, comme tous ceux qui n’ont pas une conception saine ‘des choses du sexe’, ses yeux lui font de vilains tours ! -------- ? Ben : elle croit que Miklos lit TOUJOURS du porno vu qu’elle déchiffre ‘Scot EROgène’ sur la couverture... " MIEL : " Un peu comme ce Forgeron de la Lande, alors ? " TOBY : " Oui oui ! C’est un sujet de discussion qui plairait infiniment à Lawrence, tu sais ? ------ Il dit que seuls les auteurs qui n’éprouvent que de l’indifférence pour leurs semblables et considèrent leurs livres comme REELS – alors que ce ne sont que des pets de lapins dans l’immensité de l’univers – finissent pitoyablement par... " (Pause : " Qu’est-ce qu’il disait déjà ? ") : " Ah ! que ‘Les frustrations sexuelles ressortent sous forme de jeux de mots : l’eczéma joycien.’ ------ c’est marrant qu’on en parle : justement, cette saison-ci – c’est Grabi qui m’a dit – les rois mages se sont décidés pour un commentaire prolongé – entrecoupé de repas & de siestes (et de parties de ping-pong) – d’un roman de ce Forgeron de la Lande, <<Soir bordé d’Or>> ------- Oh, une histoire INVRAISEMBLABLE, avec des frères du Libre-Esprit ou ‘Hippies spirituels’ qui perturbent le paisible quotidien d’une famille. .. A la fin, ils se cassent presque tous en Tasmanie... Tu parles d’une destination ! " MIEL : " Et pourquoi donc ce livre-là ? " TOBY : " Je n’en sais rien ! Peut-être parce que, malgré leurs différences de tempérament et Cie, ils semblent d’accord pour affirmer que peu de bonnes choses ont été écrites, mettons, après 1960, et que, après tout, ce Forgeron est un ‘coriace’ (dixit Lo) qui mérite qu’on l’affronte... Et puis non, je n’en sais rien en fin de compte ! Je dois dire que ça me surprend même un peu... " (entrecoupé de rires) : " J’imagine très bien la scène : Miklos qui doit ruser & inventer des jeux pour que les autres veuillent bien de temps en temps s’intéresser au Forgeron... ------------- ! ! : Miklos, c’est certain, tant qu’il peut causer & blablater... Ben tiens, regarde voir ici ! " (Elle sort un bout de papier de la poche arrière de son djinn. Un observateur attentif (en 1830) eût pu constater une affolante fêlure de la rugueuse étoffe à hauteur de l’endroit fort difficile à délimiter où commencer exactement la cuisse, et le roman serait tombé à l’eau parce que l’observateur en question aurait porté plainte pour – tous ensemble : ‘petite prostitution’.) " Alors, si Grabi, bon c’est sûr, c’est un Ôteur, il reste des fois normal. Mais suissi ! IncRRAILLable, ce qui s’ pass dans les Balkans ! Quand c’est pas des lançeurs de bombes, c’est des collectionneurs de liff’ ! On devrait les mettre dans la même cabane, lui & l’Forgeron, ils auraient de quoi s’occuper rien qu’à démêler ceux – j’te cauz’ des liff’ - qu’ils peuvent jeter parce qu’ils les ont en double ! Et après, ils n’auront plus qu’à s’asseoir sur le pas de la porte avec du gros rouge en entonnant la ballade (épique & paillarde, sur un vieil air slovène)‘La bataille des Pokemon qu’on a en double’ ! MIEL : (Rien à cirer) " Beaucoup de chardons par ici, non ? " TOBY : " Parle pas de malheurs ! T’as les têtes à claques et les têtes à livres ! ----- Que tu leur montrerais un vulgaire chardon que ça partirait tout de suite en couille (Oopps ! pardon !)… ----- ? : Oh, éloge de Guillaume DUNBAZAR ou dieu sait quel autre sombre poète écossais inconnu au bataillon… Mais écoute ceci, c’est un montage des 100 premières pages de l’autobiophagie du Hun, que j’appelle ‘l’homme occidental n’est pas près d’en sortir’. Tssss : J’aimerais prendre ici pour modèle un seul livre : Das Ständebuch (Insel-Bücherei, n° 133, 1960), véritable encyclopédie de toutes les couches sociales, auxquelles font miroir les poèmes de Hans Sachs… Das Frauentrachtenbuch, sorte de catalogue des costumes féminins… un album imposant : L’Apocalypse dans l’Art, de Frédéric Van der Meer (Anvers, Fonds Mercator, 1978). Illustré de reproductions splendides, cet ouvrage montre les représentations des différentes apocalypses dans l’art européen… Prenons le traité du Dr Engländer, née Klára Brüll : Médecins et hôpitaux à Buda… les 21 volumes reliés de l’Histoire illustrée de la monarchie austro-hongroise, mon livre de chevet durant des années…. œuvre du grand historien germano-techèque, Heinrich Ritter von Srbik : Metternich, der Staatsmann und der Mensch (Verlag F. Bruckmann, Munich, 1925). Et me revient encore à l’esprit une autre publication, en deux volumes, soit les Extraits des Mémoires de Metternich que j’ai lus en août 1940 et en août 1942 (Metternich : Denkwürdigkeiten. Mit einer Einleitung und mit Anmerkungen, herausgegeben von Otto H. Brandt)… Toujours en août 1942, j’ai lu avec le plus vif intérêt la correspondance amoureuse du chancelier : Geist und Herz verbündet. Metternichs Briefe an die Gräfin Lieven (Vienne, Wilhelm Andermann Verlag, 1942)… l’ouvrage de Mme Mályusz : La Magyarisation de la vie théâtrale dans la capitale, 1843-1878 – Etudes sur le passé de Budapest, XV, Budapest, 1963… les dernières livraisons des fameux magazines allemands, Fliegende Blätter et Gartenlaube…. Mon choix se porta sur une épais volume : Kunstgeschichtliche Grundbegriffe de Wölfflin, qui exerça une profonde influence sur moi. (Sa lecture constitue sans doute l’un des énièmes moments décisifs de ma vie … un superbe album traitant en long et en large des châteaux anglais : In English Homes, de Charles Latham (publié en 1904 par les bons soins des Offices of Conventry Life, 20 Tavistock Street, Covent Garden). Or, cet album, qui occupe encore une place centrale dans ma bibliothèque, exerça sur moi une influence décisive… Le premier livre que je reçus de ma vie fut Kuckuck, Kuckuck, ruft aus dem Wald, anthologie de chants et de poèmes allemands due à Hoffmann von Fallersleben, et ornée d’illustrations Belle Epoque… J’héritai entre autres choses d’une revue allemande au titre idyllique : Daheim. Celle-ci éditait un supplément spécial consacré aux hostilités – quatre ou cinq volumes reliés que vous pouvez admirer sur le rayon inférieur de ma bibliothèque… Qu’il me soit permis de mentionner ici Jugend, une autre revue " passionnante ", y compris sur le plan de l’histoire de l’art. Cinq volumes reliés, regorgeant de propagande belliciste, de textes sadiques et d’illustrations proto-fascistes, le tout refondu dans le style Belle Epoque… Au début des années quarante, Hitler et son armada publièrent Signal, un torchon propagandiste truffé de femmes nues. Un canon, une pute, un char d’assaut, une actrice au front (désignation officielle des prostituées de guerre), bref, c’était la Kruppensex… Et pour compléter le tableau, je vous livre, à titre de repoussoir, cet opus édité en 1936 à Berlin : Mensch und Sonne, joyeusement sous-titré : Arisch-Olympischer Geist. Nous devons ce joyau, constellé de body-builders teutons savamment huilés, à la plume d’un certain Hans Surer, Oberarbeitsführer A. D. Major… Adulte, je me suis procuré le premier volume de la Dogmatique du célèbre théologien protestant Karl Barth, Die Lehre vom Wort Gottes, Munich, 1932… Dans le manuel de Léo Grész, Algèbre et Géométrie, ce qui m’intéressait, c’étaient les fondements logiques du calcul différentiel. Disons, pour être modestes, que l’esprit de Leibniz habitait mon cerveau… et mon ami Hipparcos m’offrit les deux tomes impressionnants de Principia Mathematica (1910-1913)… Il y avait là, brillante et séduisante, l’Histoire de la littérature universelle, de Gustav Heinrich en quatre volumes édités entre 1904 et 1912. Je me souviens des illustrations et des noms les plus étranges, par exemple de l’épopée Frithjofssaga du poète et érudit suédois Esaïe Tegner. " MIEL : " Tu m’ennuiezs avec ton Hongrois. " TOBY : " (Enfin, tout ça pour dire que :) Alors, que ce soit à propos de ceci, de <<Soir bordé d’Or>>, de cela, ou encore de ceci, ou enfin du type de châssis des hôtels construits dans les années 50, ça ne fait aucune différence : il CAUSE. ------- Grabi ? Non, il est pas contraire ; seulement, comment dire, il a pas la ‘tête critique’, voilà c’est ça, et se désintéresse très vite... -------- C’est Lo qui m’étonne : on ne peut imaginer individus plus différents que ce Forgeron et lui.. Qu’il ait accepté de se prêter à ce cirque JUSTEMENT à propos du... Cela dit : il y a fort à parier que les ‘communications’ pertinentes viendront de sa part...S’ils ne sont pas tous devenus complètement fous avant ! --------- ? C’est sûr : ça tape sur le système ce soleil à la longue... -------- Nous y sommes ! On traverse la chaussée... " MIEL : " Si on va voir les trois... ----- oui, j’aimerais me reposer avant ----- Chez toi ? "
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Les trois remontent la pseudo chaussée romaine : Friar John ouvre la marche, les mains dans le dos, rajuste de temps en temps la ‘tiare powysienne’ (signe de concentration) sur le chemin de Damas de SbO ; Lo, loin derrière, mains dans les poches, faciès de campagnard détendu (si on veut : avec brindille au coin de la gueule), murmure des " pauv’ type, quand même, ce Gallois " ; Miklos, au milieu, jette des regards inquiets qui se veulent conciliateurs (‘Ca va êt’ kèkchooz !’) vers l’avant et... (‘Va-t-il perturber la performance ?’) vers l’arrière. Son choix est fait : il rebrousse chemin dans l’intention d’interroger le cancre... MIKLOS (gêné) : " Dites ! " LO (" C’t à quel sujet ? ") : " M-m... ? Ah, Miklos... ! Quelque chose vous chagrine ? " MIKLOS (" hé... hé... euh ? ") : " C’est que... MAIS KVEZ-VOUS DONC CONTRE LUI ? " LO, qui aime jouer à l’homme-énigme : " Rien de particulier, rien de particulier... Friar John se prend pour Dame Perspicacité en personne... " (" Tiens, si j’ai bonne souvenance, c’est avec sa pédanterie habituelle qu’il affirme du haut de sa bêtise qu’il est CERTAIN, n’est-ce pas, que l’<<Odyssée>> a été écrite par une FEMME... ! Soit, Butler aussi après tout.... ") " Songez un instant, monsieur Attila, que, votre ami ne fonctionnant, comme nous le savons tous deux, que sur le mode empathique – c’est-à-dire à faible tension - , songez, dis-je, que je lui dise ceci : " Im Garten flüstern der Schwestern Stimmen – / Da lauscht der Knabe im Holzverschlag, / Noch fiebernd über Buch und Bild ", n’est-ce pas...? Que répondrait l’animal bardique ? Le prendrait-il pour une perfidie de ma part ? M-m ? " MIKLOS (Confident du pape ; à voix basse) : " M-m ? M-m ! Je vois ce que vous voulez ?...dire... ? " LO (Il exulte) : " Il répondrait " PAS UN MOT SUR PHILIPPA ! ", Monsieur ! Parfaitement, Monsieur ! " MIKLOS (Qui ne voit, mais alors là, pas du tout ! Enfin, c’est le rôle complaisant du confident de dire :) : " M-m, je vois... je vois... " ...Il sont arrivés à hauteur de la grille de la villa... C’est le moment choisi par Friar John pour se retourner ! – Il va faire ça ici, Chang ? – Et oui, Li ! LO : " ? (Non ! !! Donc vrai ? Vraiment…) : ! " MIKLOS : " (Surprise !) Vous pensiez qu’il ne s’y livrait que script- u/ -oralement ? Admirez ! Vous ne reverrez pas ce type d’offrandes avant… Ouh ! Peut-être jamais." LO : (Tant qu’il ne se met pas à sauter à pieds joints au-dessus d’un feu entouré de… ; oui…’à tête d’épingle’.) " En piste, Frowkys ! Pour nous, nous dirons : ‘Suspendons notre jugement !’ " Friar ‘Freakys’ John retire lentement son couvre-tête, le pose avec moult allégresse & précaution sur une branche de cerisier, se penche en avant, effectue un poirier (de son invention, comme d’hab.). Visuellement, nous avons : un pauv’ vieux la tête au sol & - pour conserver l’équilibre – les jambes enlaçant péniblement le tronc quelque 70 cm plus haut que le torse…Cependant : LO : (L’avais dit que ce serait du Todd Browning !) " Et ceci, Miklos, (Comment l’appelle-t-il ?) l’homme-tronc ? le cerisier-poirier humanoïde ? " POWYS, péniblement, tout le sang du corps dans la narine gauche, en état d’hématomite avancée : " Ne me menacez pas, jeune homme ! " MIKLOS (gestes d’approbation impuissante) : " Il est arrivé à de nombreuses personnes de… (oui, mettons…) ‘fâcheux’ accidents après avoir moqué… " LO : (Le coupant) " Sans doute, oui. Nous avons lu cela quelque part, de même que nous savons que la force de ses poignets est, lorsqu’on le pousse à bout, titanesque. Mais, j’avais promis… A ta guise, le vieux ! " POWYS : " Aurais-je eu affaire à quelqu’un de moins affecté que j’aurais en bonne camaraderie annoncé que je me proposais, avant de commencer ma représentation, de nous rendre favorables les Instances Champêtres du lieu ou nous nous trouvons… Toute ma vie, j’ai été la proie favorite des gens coriaces de votre espèce, humilié, oui humilié ! par ces sophistes, euh… sophistiqués, parfaitement ! de votre acabit qui ne supportent pas qu’on trouble la surface lisse du décorum, oui, jeune homme, à vous ! vous à qui une ironie de société tient lieu de sens du comique et qui sentez bien, au fond, parce que vous n’êtes pas bête – mais sachez que quand on joue à saute-mouton avec moi, le rôle du mouton me sied ( ? ?) – et qu’une étincelle de la jocrisserie créatrice à l’œuvre dans l’univers subsiste à l’état latent dans les replis électroniques de votre âme, vous sentez bien, Lawrence, que par mes singeries métaphysiques je vous touche là où vous ne supportez pas de l’être ! Et rien ne me procure plus de plaisir que de paraître encore plus charlat-et-histrionesque que la Nature n’a bien voulu me faire l’honneur d’être, oui plaisir ! et aisément accompagné de surexcitation sexuelle ! que d’aggraver mon cas lorsque j’ai affaire à des gens qui ne comprennent pas la subtilité & la malignité, résultantes visibles, gazeuses ! de cette liquide substance – et primordiale entre toutes ! – que révèle le comportement enfantin. Je passerai donc sur… " LO : " Vous pouvez passer sur tout ce que vous voulez, sauf moi : je m’en vais. " MIKLOS : (Maître d’école) " Allons, allons, réconciliez-vous. Soyez bons camarades. Tends la main, John. " LO : " Non, Miklos. C’est irréparable. Je m’en vais. " ------------------------------ Un peu plus tard. Miklos et Faerie Queer John sont assis sur le bord de la via romana. Miklos ne cesse de bouger, ah, c’est trouvé : un chardon lui grattait les fesses. Maintenant : largo ; puis, plus tard, allegro. L’œil droit de John cligne : le soleil. Il doit être près de 17h00. POWYS : (Pensif) : " Vous savez, cette région me rappelle nos jeux d’autrefois avec Littleton, lorsque je pensais être le dieu des Armées. (Inquiet) Qu’en est-il du troisième, au fait ? Mes relations avec les Français n’ont jamais été excellentes, je le crains. Excepté avec mon remarquable ami M. d’Aoust. Je pense que cela est dû à mon tempérament imaginatif. M-m, en partie. Je dois d’ailleurs confesser mon étonnement devant le fait que mes livres sont plus facilement disponibles en France qu’en Angleterre. M-m, de nos jours. (Lueur de démence dans les yeux que remarque Mikki) Peut-être dois-je ceci indirectement à cet extraordinaire monsieur Céline, que je place en seconde position des Français remarquables après M. d’Aoust ? Peut-être… " MIKLOS : (Toujours aussi pesant-érudit) " Oui, peut-être est-ce dû au fait que Céline a réveillé quelque chose qui dormait en France depuis Ronsard, voire Rabelais. Mais permettez-moi de vous demander de mettre un peu de méthode dans votre exposé - pour les plus jeunes d’entre nous qui ne sommes pas habitués à vos cascades quinciennes de subordonnées & aux diaboliques crochets dispersés vers lesquels vous lancez vos pensées profondes, maître. " POWYS : " J’y viens. Ahhh : Hence this hapax legomenon of a poem, this exercice In schlabone, bordatini, and prolonged scordatura, This divertisssement philologique, This Wortspiel, this torch symphony, This ‘liberal education’, this collection of fonds de tiroir, This – even more than Kierkegaard’s ‘Frygt og Baeven’- ‘dialectical lyric’, This rag-bag, this Loch Ness Monster, this impact Of the whole range of Weltliteratur on one man’s brain, In short, this ‘friar’s job’, as they say in Spain Going back in kind To the Eddic ‘Converse of Thor and the All-Wise Dwarf’ (Al-viss Mal, ‘Edda die lieden des Codex Regius’, 120, 1f) Existing in its present MS form Over five centuries before Shakespeare. You remember it ? H. MacDiarmid, In Memoriam James Joyce.Mm, Remember it, Miklos ? Laissons cela. Un auteur brillantissime qui m’avait pour auteur de chevet. (Regarde au loin la villa, qui se trouve en face d’eux, à l’ouest ) Ainsi, j’ai entendu dire à des Français et à des Anglais que la prose d’Arno Schmidt serait trop grasse, trop truffée. Pour continuer ma métaphore filée sous forme gnomique, je riposterais en disant que la choucroute n’est pas un plat lourd, ce sont les charcuteries qui la truffent et lui donnent toute sa valeur. Ce personnage… euh… le ‘Phénix de la diction théâtrale’… ? ------- Oui , lui-même, ce A&O ; eh bien, laissez-moi vous dire que ce sujet tient fort à cœur à un vieillard lubrique de mon espèce, qui a tenu dans un (souverain) mépris le pouvoir centralisateur linguistique de Londres. Ce pouvoir est encore assez récent en Grande-Bretagne pour que, euh…pour qu’une juste reconnaissance soit encore possible. Les gens intelligents en Angleterre qui ont une conscience tant diachronique, des multiples couches syntactiques et lexicales de l’anglais, que synchronique, des divers registres de voix, de la subtilité des intonations, des variations nombreuses de sens apportées par simple phonétisme, par simple souffle, oui, en vérité, à ces gens-là, Arno Schmidt ne peut paraître ‘truffé’ de quoi que ce soit. Que je sois bien clair, je ne parle pas ici de références culturelles, mais de sens de la langue. " MIKLOS : " Il est vrai, maître, il est vrai. (Se lève et sautille sur place) Comme vous devriez rencontrer mon remarquable ami Pierre Grabi ! Et l’entendre vous parler des neumes, du geste, de la séparation de la musique d’avec la poésie après Adam le Bossu, du fait que <<Soir bordé d’Or>> est à la fois une composition picturale, un roman, une chorégraphie et une partition musicale ! Un texte où un silence peut signifier un froncement de sourcils ! " POWYS, se lève également : " Mais certainement ! Avec grand plaisir ! Et s’il est aussi remarquable que M. d’Aoust… " (Sous forme de confidence) : " Dites, Miklos… Approchez ! Approchez, voyons ! (Chuchote) : " Entre nous, il ne porte pas son bras en écharpe tout de même ? " Et alors là, c’est la franche hilarité… M. d’Aoust ! Le petit Français ! En écharpe ! Ooh la la comme c’est drôle ! Ils n’en peuvent plus ! L’allusion, Miklos, hein ? La allujion qu’il dit ! en english ! Oh oui, mon cher John ! Qu’ils n’en reviennent pas…ils vont faire dans leur froc… M. d’Aoust qu’ils annoncent en cœur ! Ca y est ! Une attaque de gaz hilarious ! Qu’ils sont debout tout les deux, maintenant !… à se tenir les pattes ! Ils tournent en rond ! Le carrousel d’Edgar Poe ! Ils sont dessus ! Veulent plus en descendre ! Et l’un fait : " En écharpe ? " Et l’autre : " Oui, mais en écharpe " TOUT DE MEME " ! Ah, ce " tout de même " ! D’un subtil ! Et tellement drôle ! Et c’est reparti ! La pouffe à deux ! Oublié Arno Schmidt ! Oh la la, le Schmidt ! Quel ringard ! Les grandes retrouvailles ! Le climax ! Apoplexie ! La narine gauche de l’un… que c’est une fraise qu’annonce l’autre ! Et c’est reparti ! Et tes dents, qu’il fait, le premier ! Ah qu’on s’amuse ! Ils vont clamser à se cogner la panse ! Et comment on va fêter ça ce soir ! Et qu’il y aura des pépées par millions! Et de la belle ! de la yéménite ! de la galloise ! de la tout ce qu’on rêve…et même de l’Allemande si il faut ! Pour l’œuvre ! Pour… en honneur du Schmidt, tiens ! Qu’il vont se taper une boche, qu’il disent ! Cul et chemise ! Ils en sont ! Nous aussi ! Mais… et Grabi.. ? Ah ils sont princiers aujourd’hui ! Pourra participer aussi ! Au goulot, les retrouvailles ! L’orgie des Ôteurs ! Et que si on sait pas payer qu’on vendra la bibliothèque ! Et une bonne tranche de cul pour tous ! Mon cher Mikki, mon cher John, bonjour-boujour ! Ah, ça va… ça redescend doucement…c’est redescendu… Qu’ils sont tout de même inquiets…persuadés que ça doit être l’heure de l’apéritif… Qu’il faudrait y aller… MIKLOS (Comme après de grandes débauches…), tout en s’apprêtant à descendre la chaussépav(et romaine) {Vue d’hélicoptère, nez plein sud – découpez un carré dont le côté EST représente la chaussée romaine. Placez un rectangle ‘plus ou moins au milieu’ du carré dont la largeur soit parallèle à la chaussée : la villa. Le côté opposé, OUEST : autre chaussée, empruntée par les deux gamines. Le coin SUD-OUEST : le moulin. L’espace vierge entre le côté EST et la villa : un champ habité par un âne ; L’e.v. côté OUEST : habité par un cheval. Séparant le côté OUEST de la villa : sapins. Côté EST : basse clôture (assez basse pour qu’un caniche ne s’échappe pas. Trop déjà pour un terrier.} : " (" Combat chouss’= pour playmobiles à côté ! ") Etonnantes, vos !… : – ? ( parenthèse explicative : – Les Lacets ! : combien de temps pour… (" MIKKI ! MIKKI ! " ): une vict…- ? ( " Je n’avais pas encore ouvert les yeux que des bouffées de crainte m’arrivaient par l’oreille. " ; tilt : le troisième larron ) : Non, soyez furtif, vieux ! " ; le même observateur de tout à l’heure devrait se dire devant le spectacle qui s’offre à lui :
(- " Regardez le John ! ! ! " - " ? ? ? " - " : un stage chez Derso… Ohé, Grabi ! ", qui, tout le poids des Cieux sur la tête, tente de passer, d’abord (Souviens-toi de tes femmes pliantes ! ! ! :) sous, puis, idée !, au-dessous de la clôture, puis, subrepticement, " Ohé, Grabi ! c’est en stage chez Dersou (- Capitaine ! capitaine ! – Dersou ! mon petit Dersou !), longe l’extrémité du champ, " qu’on va vous envoyer ! Mais c’est la Grande évasion, ma parole ! Mais qu’est-ce que vous… ? Et pieds nus, avec ça ! ! ! ( ! ! != dans le parler schmidtien : " Qui va payer les médicaments quand il aura pris froid ? " (Re : " ! " - GRABI : " ? " - MIKLOS : " Mais oui, voyons ce n’est qu’un âne ! " - GRABI : " ? ? " - MIKLOS : " Mais non, ce ne sont pas des bêtes féroces ! Très sympathiques au contraire ! les plus intelligentes du monde connu ! " - GRABI : " ///>>… ( brève pause dans l’arpentage du champ : toiser la bête, et reprise sineuse) " <<////… (chemin inverse : le dernier / = passage du Rubicon ( " Ces documents n’offrent guère matière à des déductions allant dans le sens d’une véritable intuition de la modernité, chez l’Albert-Birot de cette époque. Ils confirment bien plutôt qu’il était loin de posséder une conscience suffisamment claire de ses possibilités pour s’imposer ou infléchir son projet, mais qu’en même temps, il avait du moins une idée précise de ce qu’il ne voulait pas faire. Intransigeant envers autrui (les ânes, sans doute…) comme envers soi-même, il préféra abandonner un chemin où il savait ne pouvoir s’engager entièrement de bon gré. Attitude de retraite brusque et définitive, par laquelle nous le verrons toute sa vie réagir aux situations qui exigent d'ordinaire des compromis. Cependant, il resta poétiquement en bons termes avec les ânes, et c’est ce que démontre à loisir son " Invocation à madame de Balaam qui fait oui ", fameux morceau s’il en fut jamais. "M.-L. Lentengre, P.A.-Birot, L’invention de soi, p. 68) GRABI, retour du front : " Miklos, si vous… ? " (" Oui, nous arrivons ! (" Et avec les Magic ‘Powys’ Pompes, du tout cuit ! ""), " Miklos…----- Comment, vous saviez déjà ? ? ? ? " MIKLOS : " Nous vous trouverons un autre compagnon ! Ce romancier (" Me sens comme Dante inversé, moi ! Pouvoir RE-expédier au Paradis (" Tu parles ! ") des auteurs à ma guise ! ") a fait son temps. ---- Alors, John, que vous semble-t-il de notre ami ? " POWYS : (" Votre ami est citadin et c’est votre choix. ") " Fort différent de M. d’Aoust, il me semble. Est-il contraire ? Je ne le pense pas.--- : Bah, nous lui ferons son éducation des (hé hé) sous-bois. " |