Bleckede, le 29 mars
2002
Sans nouvelles de vous depuis mon dernier envoi, je m'inquiète.
Je me dis
que vous ne devez pas du tout apprécier la fin du chapitre Bleckede
et que
vous me préparez une réponse explosive ! Dites-moi donc
ce que vous pensez
de tout cela (même si je dois me faire atomiser) et terminons cette
résidence malheureuse.
J'ai passé la journée de mardi à Lunebourg, à
la chasse aux derniers petits
détails qui me manquaient pour la réalisation de la time-box...
Acheté des
crochets, trouvé un autre système que la colle en bombe
(un adhésif double
face totalement transparent) et quelques dizaines de mètres de
film
plastique. Dans ma description, j'ai oublié de mentionner une chose
: la
superposition des couches de film plastique rend, évidemment, le
contenu
totalement invisible. Seul le rapport de proportions de l'objet initial
est
préservé.
Je vous donne aussi quelques compléments d¹information
sur l'objet. Le
format de la time-box est d'environ 21 x 15 centimètres, pour une
épaisseur
d'1,5. Alors que la chose était accrochée (dans une première
version) depuis
plusieurs jours au mur de mon "atelier", je me suis posé
une question :
quelle doit être son orientation ? En effet, lorsque l'on ne fait
"presque
rien", ce genre de question peut vous prendre la tête pendant
quelques heures
(même quelques jours). Alors : " à la française"
ou "à l'italienne" ? La
version choisie est italienne. La première raison est que, dans
cette
orientation, la time-box perd toute connotation directe avec l'objet-livre
contenu. En effet, rares sont les livres de ce format que l'on manipule
dans
le sens horizontal. L'esprit ne trouve pas donc, directement, l'idée
du
livre emballé (en fait, cette orientation donne l'impression d'avoir
affaire
à un petit châssis sous plastique, renforçant l'aspect
pictural tant
désiré). La boîte n'est plus alors qu'une boîte
(et ouvre à de nombreuses
interprétations) et non pas un livre emballé de film plastique.
Cela assure
encore un peu plus la pérennité de la time-box puisque personne
(sauf les
rares lecteurs de ces lignes) ne se doute que, sous le plastique, se trouve
quoi que ce soit. Personne n'ira donc déchirer "l'enveloppe"
et le tout
restera scellé des millénaires. Ce qui est, après
tout, mon but. De plus, le
fait que cette orientation soit aussi appelée orientation paysage,
me ramène
aux premières semaines de cette résidence, à mes
questions sur l'Elbe et le
paysage de Bleckede. Donc, simplement, la time-box n'est pas un portrait
(autre nom de l'orientation à la française) mais un paysage.
Là, j'aimerais
me souvenir de la formulation exacte, mais dans Fin de Copenhague d'Asger
Jorn et Guy Debord on peut lire, sur une des pages : " un splendide
paysage
que Bernard Buffet a souvent peint ". C'est une de mes pages favorites
de
l'ouvrage. Sur une vaste tache de peinture (les "structures portantes"
d'Asger Jorn) les grandes villes du Danemark (je me souviens de Aarhus
et
Copenhague, mais je crois qu'il y en a une troisième...) sont placées,
comme
sur une carte géographique, mais sans aucun souci de vérité.
La phrase sur
le paysage est en haut à gauche de la page, en bas un morceau de
publicité
pour l'Akvavit Aalborg (je crois). Les planches sont, évidemment,
des
doubles pages de manière à ce que, une fois ouvert, le livre
à la française
devienne un livre de paysages. Alors, cette time-box sera mon Fin de
Bleckede.
Reste une ultime question, et il me reste une journée pour
y répondre. Que
je signe l'objet est une évidence, avec les feutres permanents,
aucun
souci. Que je le date aussi. Mais dois-je lui donner un titre ? Et lequel
?
Là, les idées se bousculent encore un peu, si vous avez
des propositions, je
suis preneur.
Espérant ne pas vous ennuyer avec tout cela (mais vu la nature
de votre
dernier message, je crois que c'est ce qu'il se passe). J'espère
simplement
que vous ne m'en voulez pas trop.
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